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(fr) Courant Alternative #353 (OCL) - L'«accord» de Bougival: une arme contre l'indépendance de Kanaky
Date
Mon, 20 Oct 2025 18:22:12 +0100
En février et mars 2025, le ministre de l'Outre-Mer Valls avait échoué
dans ses tentatives de négociations tripartites avec indépendantistes et
anti-indépendantistes sur l'avenir de l'archipel calédonien [1]. Et
puis, le 12 juillet, le Président Macron leur a arraché l'«accord» de
Bougival. Les délégations des six groupes politiques représentés dans
les institutions calédoniennes ont signé ce texte, présenté par le
gouvernement comme une «avancée historique». Il a été applaudi par la
plupart des formations politiques et des médias, en métropole comme sur
le territoire. Mais leur bel enthousiasme a faibli après que le FLNKS
(Front de libération nationale kanak et socialiste) a rejeté ce fameux
«accord» - et le remplacement, le 10 septembre, de Bayrou par Lecornu à
la tête du gouvernement français a rendu le «dossier calédonien» encore
plus inflammable.
La situation sociale n'a cessé de s'aggraver en Nouvelle-Calédonie. Le
gouvernement local ne verse plus les salaires des fonctionnaires et les
diverses prestations sociales que grâce à des prêts de l'État. Le prix
de l'alimentation, des transports et de l'énergie a flambé. La pauvreté
et la misère s'accentuent. Les tensions sont palpables: les vols,
dégradations voire sabotages se multiplient, mais les expulsions de
logement aussi; des caillassages de policiers entraînent des
interpellations...
L'Etat a rendu responsables des émeutes la CCAT - cette cellule de
coordination des actions de terrain créée en novembre 2023 par des
indépendantistes de diverses formations pour mobiliser contre le «dégel»
du corps électoral calédonien [2]. Il a déporté sept de ses militant-e-s
en métropole - ainsi qu'environ 80 personnes détenues au Camp-Est, la
prison de Nouméa, pour y mettre des émeutiers à leur place.
De leur côté, les partis anti-indépendantistes (Le Rassemblement-Les
Républicains et les Loyalistes) se sont employés à juguler dans
l'archipel la progression du vote en faveur de l'indépendance [3] en
réduisant l'importance qu'avaient prise dans ses institutions les deux
regroupements indépendantistes: l'UC-FLNKS (conduit par l'Union
calédonienne) et l'UNI-Palika (mené par le Parti de libération kanak).
Des manoeuvres politiciennes leur ont fait perdre la présidence du
gouvernement - il est actuellement dirigé par Alcide Ponga, chef du
Rassemblement-LR -, puis la présidence du Congrès - elle est assurée par
Veylma Falaéo de l'Eveil océanien, un parti centriste. Les législatives
de 2024 ont toutefois montré que la dynamique indépendantiste se
poursuivait: Emmanuel Tjibaou, président de l'UC-FLNKS, a été envoyé à
l'Assemblée nationale - le second député calédonien étant Nicolas
Metzdorf, chef du parti Loyaliste.
Les émeutes ont cependant entraîné des changements au sein du FLNKS: le
Palika et son allié l'UPM (Union progressiste de Mélanésie) l'ont quitté
fin aout 2024, à l'approche de son congrès, par désaccord avec sa ligne.
En particulier son soutien aux «prisonniers politiques» de la CCAT.
Christian Tein, un responsable de l'UC et de la CCAT, a alors été nommé
président du FLNKS malgré sa détention à Mulhouse; puis des formations
qualifiées de «radicales» par les médias ont intégré le Front (voir le
premier encadré).
++++
Les sept «groupes de pression» du FLNKS
A l'UC et au RDO (Rassemblement démocratique océanien) se sont ajoutés
le syndicat USTKE (Union syndicale des travailleurs kanak et des
exploités), le Parti travailliste (lié à l'USTKE), la Confédération
nationale des travailleurs du Pacifique (pour partie d'ex-militants de
l'USTKE), la DUS (Dynamik unitaire Sud, des dissidents du Palika) et la
Dynamique autochtone (auparavant Libération kanak socialiste, LKS). La
CCAT, non structurée en parti, comprend des membres de ces divers groupes.
++++
L'avant-Bougival
Le FLNKS avait posé comme conditions préalables à toute nouvelle
rencontre trilatérale que Christian Tein y prenne part, que le corps
électoral «spécial» pour les scrutins d'autodétermination ne soit plus
remis en question [4], et qu'un «accord de Kanaky» soit conclu avant le
24 septembre 2025 (date anniversaire de la prise de possession de
l'archipel par la France en 1853) sous la supervision de l'ONU. Il a
seulement obtenu la remise en liberté de Tein (sous contrôle judiciaire
en métropole), le 12 juin [5].
Pour leur part, les anti-indépendantistes continuaient de proclamer que
l'accord de Nouméa s'était arrêté avec le troisième référendum, en 2021
[6]; et de revendiquer l'élargissement du corps électoral «spécial» en
Calédonie [7], un «fédéralisme» qui favoriserait la riche province Sud
(dirigée par la Loyaliste de choc Sonia Backès), et l'arrêt de la
péréquation établie au nom de la solidarité envers les provinces Nord et
des Iles (peuplées majoritairement de Kanak).
Le 1er juillet, un sondage publié par La Dépêche de Nouméa a
opportunément affirmé que 47 % des... indépendantistes refusaient
l'indépendance immédiate parce qu'ils et elles préféraient voir la
situation économique stabilisée avant tout changement institutionnel; et
aussi que 53 % de la population calédonienne craignaient que leur
situation devienne insoutenable en cas d'indépendance immédiate.
Le lendemain, en ouvrant les nouvelles négociations, Macron a dit: «Sans
la France, il n'y a pas de salut pour la Nouvelle-Calédonie», mais il a
aussi évoqué la possibilité d'un «État associé» à la France dans les
«quinze-vingt ans» - de quoi à la fois contenter les deux camps et leur
déplaire.
L'«accord» de Bougival
Le texte rendu public le 12 juillet ne peut que satisfaire le patronat
calédonien et les anti-indépendantistes, et on comprend que les
Loyalistes eux-mêmes l'aient signé: il prévoit la création d'un «Etat
calédonien»... au sein de «l'ensemble national» français [8], et sans
qu'il soit jamais question de «Kanaky» (ou d'une
«Kanaky-Nouvelle-Calédonie») ni d'indépendance. Ce texte a en effet été
concocté par les macroniens et par Les Républicains (LR était largement
représenté dans le gouvernement Bayrou - et Retailleau, son président,
avait récemment ajouté Ponga, le président calédonien, dans son équipe
de conseillers).
Dans un communiqué au nom de son parti, Retailleau a parfaitement résumé
les «victoires» obtenues: «La Nouvelle-Calédonie restera dans la France.
Les trois référendums sont respectés. Le corps électoral sera dégelé.
Les institutions retrouveront une gouvernance efficace. Et la
perspective d'un nouveau référendum d'autodétermination est enfin écartée.»
L'«accord» met en place les verrous permettant de conserver le
territoire sous la coupe de l'Etat français: pour que le Congrès
calédonien demande le transfert d'un ou de plusieurs pouvoirs régaliens,
il faut les voix de 36 de ses 56 membres, ce qui rend l'indépendance
quasiment impossible, au vu des équilibres politiques actuels et de deux
nouvelles dispositions:
* L'élargissement du corps électoral calédonien [9]. Dix ans de présence
sur le territoire suffiront pour avoir la nationalité calédonienne et
pour se prononcer sur l'«accord» signé; quinze ans seront requis pour
voter aux provinciales.
* La modification (définie par une future «loi organique spéciale») des
assemblées de province en ce qui concerne le nombre de leurs membres,
pour «tenir compte des réalités démographiques et de l'objectif du
rééquilibrage» [10]. Ces assemblées envoient une grande partie de leurs
élu-e-s au Congrès calédonien; et jusque-là les provinces Nord et des
Iles (indépendantistes) étaient davantage représentées que celle du Sud
(anti-indépendantiste).
De plus, les provinces pourront avoir leurs ressources propres et leur
police - ce qui convient tout à fait à la province Sud [11]. C'est le
début d'un «fédéralisme» qui ouvre la porte à une partition du
territoire, même si le texte dit que la «loi organique spéciale»
garantira le «maintien d'un mécanisme de solidarité financière entre les
différentes institutions et collectivités de la Nouvelle-Calédonie».
Avec cet accord, l'État français garde l'archipel sous sa «protection»
pour les questions internationales et de défense, «la sécurité et
l'ordre public»; et sous sa tutelle économique pour le nickel, le
commerce extérieur ou la préservation de son «environnement terrestre et
marin». Les services de son haut-commissariat sont renforcés. Enfin,
l'État demeure le «garant de la stabilité monétaire et financière de la
Nouvelle-Calédonie» - la monnaie reste «le franc Pacifique, adossé à
l'euro selon un régime de change fixe».
L'État promet, concernant le nickel, d'aider l'usine de la province Nord
(gérée par les indépendantistes) et de rebooster la filière. Il promet
aussi de soutenir «la relance et la diversification économique ciblée
sur les secteurs stratégiques d'avenir, tels que l'autosuffisance
alimentaire et énergétique, le tourisme, l'économie bleue, l'économie
sociale et solidaire et l'économie des tribus». Mais à certaines conditions:
* Le retour de l'ordre social, notamment par le renforcement des moyens
répressifs à tous les niveaux (comme la construction d'une nouvelle
prison). Et c'est la jeunesse kanak qui est dans le collimateur. Son
contrôle est attendu des indépendantistes, mais passe également par «la
lutte contre les addictions à l'alcool et aux drogues» et «l'engagement
civique». Si le Sénat coutumier, jusqu'ici simple organe de
consultation, voit son rôle amplifié (sur le papier du moins), c'est
pour qu'il s'implique dans la «prévention de la délinquance» - une
«police coutumière» doit être créée.
* «L'indispensable assainissement des finances publiques locales et le
redressement des comptes sociaux» par «la réduction des dépenses
publiques, la rationalisation de l'administration et l'optimisation de
la fiscalité».
Si ces objectifs sont atteints, il pourra y avoir «notamment un
allègement progressif de la dette garantie par l'Etat, ainsi qu'une
conversion partielle en subventions».
L'après-Bougival
Tjibaou semblait redouter assez l'accueil qui lui serait réservé à son
retour dans l'archipel pour avoir paraphé le texte issu des rencontres à
Bougival. Devant Macron, le 12 juillet, il a dit: «On va se faire
insulter, menacer, parce que nous avons choisi un chemin différent.»
Mais la délégation de l'UC-FLNKS avait en fait pris la précaution
d'écrire, au-dessus de sa signature: «Engagement à défendre le texte en
l'état»; Tjibaou a expliqué dans une conférence de presse, le 18
juillet, que ce qu'elle avait accepté c'était un engagement à présenter
ce texte aux groupes du FLNKS.
Les polémiques sur la «traîtrise» du FLNKS pour avoir rejeté l'«accord»
de Bougival ont néanmoins perduré. Tein s'était déclaré
«personnellement» contre, le 29 juillet [12]. Deux jours après,
Dominique Fochi, secrétaire général de l'UC (et membre du bureau
politique du FLNKS), avait annoncé que son parti refusait ce texte pour
ses «très faibles perspectives de sortir du joug colonial», ses
«attributs de souveraineté de façade», ses «verrous infranchissables»
concernant le transfert des compétences régaliennes, son «dégel du corps
électoral (...) synonyme de recolonisation de notre pays», etc.
Mais c'est bien la base du FLNKS qui, le 9 aout, a repoussé cet «accord»
lors de son dernier congrès à Nepa, et qui a imposé de nouveaux
interlocuteurs à l'État [13]. Christian Tein a rappelé, dans une lettre
lue à cette occasion, que le projet de constitution de Kanaky déposé en
1987 définissait le «peuple kanak» comme une communauté formée par
celles et ceux qui, «d'origines différentes», veulent bâtir une «nation
ensemble dans la paix, la justice et la vérité».
C'est également sous la pression de cette base que l'USTKE et l'Eglise
protestante de Kanaky - Nouvelle-Calédonie ont adopté la même position
le 3 aout, et le Sénat coutumier [14] le 30 en reprochant à l'«accord»,
entre autres, d'invisibiliser le peuple kanak.
Enfin, des indépendantistes d'autres territoires d'outre-mer l'ont
dénoncé. Ainsi Opahi Buillard, du parti polynésien Tavini, a écrit le 14
juillet: le «dégel» du corps électoral «affaiblit durablement le poids
politique du peuple premier» de l'archipel, et «ce nouvel "équilibre"
prépare en silence (...) la partition. (...) On comprend désormais
pourquoi le Tavini refuse toute négociation institutionnelle hors du
cadre de l'ONU.»
Une austérité budgétaire calédonienne
exigée par l'Etat français
Avec Bougival, l'État a réussi à détacher complètement du FLNKS un de
ses courants historiques, celui d'un Palika devenu très «modéré». Un
responsable de son alliée l'UPM, Victor Tutugoro, avait justifié le 18
juillet le «dégel» du corps électoral: «A partir du moment où on fait le
pays, où on lance la souveraineté et qu'on est dans la construction, à
quoi ça sert de continuer à geler le corps électoral?» Le 16 aout,
Jean-Pierre Djaïwé, porte-parole du Palika, a renchéri: «Bougival, c'est
un pas en avant vers l'indépendance. [Il s'agit] désormais de construire
avec les autres, en allant chercher des majorités d'alliance.»
Des médias et des partis ont tenté d'introduire le doute quant à la
légitimité du FLNKS à représenter le mouvement indépendantiste, ou le
peuple kanak. Mais Le Monde, par exemple, a fini par reconnaître, le 18
aout, que l'absence du FLNKS dans la poursuite des discussions sur
l'avenir du territoire était pour le moins gênante... d'autant que le
positionnement de l'UNI-Palika est «difficilement lisible pour
l'électorat indépendantiste, qui se trouve majoritairement dans les
classes populaires». En effet, le 14 aout, l'UNI-Palika a voté au
Congrès avec les Loyalistes et Le Rassemblement-LR le budget d'austérité
concocté par le gouvernement calédonien et prévoyant des coupes dans les
allocations familiales et le logement social - tandis que l'UC-FLNKS et
les partis «modérés» de Calédonie ensemble et de l'Eveil océanien se
prononçaient contre.
Le 25 juin, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie avait déjà décidé
la suspension de tous les avancements, promotions et revalorisations
salariales dans la fonction publique locale pour 2026 et 2027, ainsi que
l'instauration d'une franchise sur les médicaments et le transport
sanitaire. Son plan de réformes budgétaires, sociales et fiscales fait
partie des conditions posées par l'Etat pour débloquer la seconde
tranche de son «prêt garanti».
«Pas d'accord, pas de relance», a assené Valls en arrivant le 19 aout à
Nouméa pour animer le «comité de rédaction» chargé de transformer le
texte de Bougival en loi constitutionnelle. Il y a eu plusieurs
rassemblements indépendantistes pendant son séjour, le FLNKS ayant
appelé à «se mobiliser pacifiquement en affichant nos couleurs» [15].
Aux promesses antérieures de financer la reconstruction de 56 bâtiments
et infrastructures publics, Valls a ajouté des fonds pour l'aide
alimentaire, le transport et la cantine scolaires [16], et la santé -
mais la «brigade itinérante» de cinq soignant-e-s qu'il a organisée avec
l'Ordre de Malte ne tournera sur le territoire que pendant un an. Une
mesure bien insuffisante, compte tenu de la pénurie de soignants.
Valls a aussi rencontré à deux reprises la nouvelle délégation du FLNKS,
sans parvenir à obtenir sa participation au «comité de rédaction». «Je
réaffirme que l'accord va être mis en oeuvre à travers la réforme
constitutionnelle, puis la loi organique spéciale, a-t-il néanmoins
assuré en repartant le 26 aout. Si on abandonnait Bougival (...), on
serait dans une impasse. On reviendrait au lendemain du troisième
référendum.»
Un scénario que craignent fort les partis de la droite modérée et du
centre, car annonciateur de nouvelles «exactions». Mais, à tous ceux qui
imputent la situation calédonienne à l'explosion sociale de 2024,
Dominique Fochi a répondu, le 18 aout, que «le pays va mal depuis
plusieurs années». Et même des représentants de l'Etat sont forcés de
l'admettre. Claire Durrieu, venue dans l'archipel conduire la «mission
interministérielle de reconstruction», a dit le 20 aout: «Le modèle
économique et social calédonien est en difficulté depuis plusieurs
années. Sans les émeutes, la Nouvelle-Calédonie aurait connu de toute
façon une crise de trésorerie en aout 2024.»
Valls a aussi prétendu: «S'il n'y avait pas eu d'accord, le risque était
celui (...) de la radicalisation et du retour, d'une certaine manière,
de la violence, voire de la guerre civile». En réalité, c'est bien cet
«accord» qui peut déboucher sur une «guerre civile» - et il est pour le
moins improbable que le nouveau Premier ministre Lecornu (proche de
Macron, Darmanin et Backès) apaise le climat. C'est lui qui a maintenu,
quand il était ministre de l'Outre-Mer, le troisième référendum
d'autodétermination en 2021 malgré la pandémie. Il avait justifié cette
décision par un péremptoire: «En démocratie, on tient ses élections à
l'heure.» Apparemment, l'argument ne tient pas pour le troisième report
des provinciales (les membres actuels du Congrès y siègent depuis 2019).
Le texte de Bougival - publié sans mention de ses signataires - est déjà
devenu formellement, dans le Journal officiel du 6 septembre, l'«accord
de Bougival». Cette légalisation était, paraît-il, une condition fixée
par le juge administratif pour repousser les provinciales. La
concrétisation de cet «accord» dépend cependant à la fois de la
stabilité gouvernementale française et de multiples scrutins à venir sur
le territoire et en métropole (voir le second encadré). De plus,
l'enthousiasme à son égard a bien diminué à l'Assemblée nationale. «Il
n'y a pas d'accord consensuel sur l'avenir institutionnel de la Kanaky -
Nouvelle-Calédonie», ont écrit le 3 septembre les députés LFI Mathilde
Panot et Bastien Lachaud, en demandant au gouvernement - comme le FLNKS
- le maintien des provinciales le 30 novembre. Et chez Les Républicains,
même Retailleau a fait part de réserves nouvelles sur l'«avancée
historique» de Bougival.
++++
De scrutin en scrutin...
Le troisième report des provinciales (approuvé par le Congrès calédonien
le 15 septembre) devait être examiné par le Sénat puis l'Assemblée à
partir du 23, mais la chute de Bayrou a suspendu les activités
parlementaires. La loi constitutionnelle en projet doit être débattue en
novembre au Sénat, en décembre à l'Assemblée. Le Parlement réuni en
Congrès doit voter avant la fin décembre l'insertion dans la
Constitution française d'un changement de statut pour l'archipel. La
population calédonienne doit être consultée sur ce changement avant le
28 février 2026. La «loi organique spéciale» doit être votée par le
Parlement en avril 2026... Il y aura aussi, en mars, les municipales
françaises - et les provinciales calédoniennes avant le 28 juin?
++++
A l'approche du 24 septembre, le haut-commissaire a fait venir de gros
renforts militaires dans l'archipel, et il y a réinterdit la vente
d'alcool le 18. Ce même jour, dans un village près de Nouméa, un
gendarme a tiré à hauteur d'homme sur des passants, tuant l'un d'eux. Le
22, Ponga a annoncé la fermeture de la Maison de la Nouvelle-Calédonie
qui, à Paris, symbolisait le «destin commun» entre Kanak et «victimes de
l'histoire». Le 24, dans une «déclaration unitaire» de divers groupes
indépendantistes et de représentants coutumiers et religieux, le FLNKS a
affirmé que l'indépendance serait proclamée «au plus tard avant la
présidentielle de 2027».
Vanina, le 28 septembre 2025
A retrouver dans Courant Alternatif :
* Juillet 2024: Pas de retour à la «normale» après les émeutes! et La
constante coloniale de l'État français
* Octobre 2024: Etat des lieux après les émeutes
* Novembre 2024: Le redémarrage économique et le statut du territoire
dans la balance des négociations
* Décembre 2024: «Kanaky/Nouvelle-Calédonie: 40 ans d'émancipation...
pour mieux recoloniser?»
* Janvier 2025: L'indépendance du territoire sous l'étouffoir de sa
«reconstruction»
Le mot clé "Kanaky" sur le site
Notes
[1] Voir «Nouvelle-Calédonie: Point d'étape avant les "vraies"
négociations... si elles ont lieu» dans CA d'avril ou sur
oclibertaire.lautre.net
[2] Voir notamment en post-scriptum de cet article les articles parus
dans CA depuis juin 2024
[3] Au référendum de 2020, le «non» à l'indépendance ne l'a emporté sur
le «oui» que de 9 970 voix.
[4] C'est le «dégel» de ce corps électoral voulu par Macron qui a
provoqué les émeutes de 2024.
[5] Les trois autres militants de la CCAT encore détenus sont sortis de
même.
[6] Boycotté par les indépendantistes, il a eu pour résultat 96 % de
«non», mais avec seulement 44 % de participation.
[7] Lire, sur oclibertaire.lautre.net, «Un "État calédonien" dans des
«États-Unis français"», 13 juillet 2025.
[8] ibid, «Un "État calédonien" dans des «États-Unis français"», 13
juillet 2025.
[9] 12 000 personnes s'ajouteront à la liste des votants (169 000
inscrits) pour les prochaines provinciales - soit l'équivalent en France
de 6,9 millions (elle a actuellement 49,3 millions d'inscrits).
[10] Ce «rééquilibrage» n'est cependant que partiel (voir le blog de
Patrick Castex): la province Sud, qui renferme les trois quarts de la
population calédonienne, a aujourd'hui 59 % des élus et elle en aurait
66 % selon l'«accord».
[11] Le 11 septembre, son assemblée a par ailleurs voté des mesures pour
«prévenir» la délinquance, «résorber les squats» et arrêter la
construction de logements sociaux.
[12] Yewa Waetheane, un autre militant de la CCAT libéré, l'avait fait
le 16 juillet.
[13] L'UC a trois délégués; le RDO, l'USTKE, le MOI et la DUS ont chacun
une ou un délégué.
[14] Cette instance l'a fait aussi parce qu'elle est «concurrencée» par
Inaat Ne Kanaky, un regroupement de chefs coutumiers revendiquant une
autonomie de gouvernance sur leurs territoires.
[15] En métropole, Christian Tein s'est quant à lui rendu aux
universités d'été des Verts et de LFI pour porter «la voix du peuple kanak».
[16] Le haut-commissaire a confirmé, le 12 septembre, le versement de 21
millions d'euros pour la restauration et le transport scolaires...
quoique l'Etat juge «encore insuffisant» le plan de réforme des finances
publiques calédoniennes.
https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4532
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