|
A - I n f o s
|
|
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists
**
News in all languages
Last 40 posts (Homepage)
Last two
weeks' posts
Our
archives of old posts
The last 100 posts, according
to language
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Catalan_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
_The.Supplement
The First Few Lines of The Last 10 posts in:
Castellano_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
First few lines of all posts of last 24 hours |
of past 30 days |
of 2002 |
of 2003 |
of 2004 |
of 2005 |
of 2006 |
of 2007 |
of 2008 |
of 2009 |
of 2010 |
of 2011 |
of 2012 |
of 2013 |
of 2014 |
of 2015 |
of 2016 |
of 2017 |
of 2018 |
of 2019 |
of 2020 |
of 2021 |
of 2022 |
of 2023 |
of 2024 |
of 2025
Syndication Of A-Infos - including
RDF - How to Syndicate A-Infos
Subscribe to the a-infos newsgroups
(fr) Alternative Libertaire #361 (UCL) - Véronique Decker: «L'école est un miroir des crises de la société»
Date
Thu, 12 Jun 2025 15:55:40 +0100
Elisabeth Borne, ministre de l'Éducation, multiplie les annonces, dont
le retour à une formation professionnelle très attendue ou encore une
convention sur les rythmes scolaires. Nous avons sollicité les réactions
de Véronique Decker, institutrice puis directrice d'école durant 27ans à
Bobigny (93). Militante syndicale à l'Ecole émancipée, puis à SUD
éducation, militante pédagogique à l'Institut coopératif de l'école
moderne (ICEM) pédagogie Freinet et à l'OCCE[1], militante du droit des
enfants à DEI[2], elle a publié quatre livres aux éditions Libertalia.
---- La réforme de la formation initiale des enseignantes et
enseignants, c'est un retour du modèle des écoles normales? Face aux
nombreuses démissions d'enseignants et enseignantes et aux hésitations
des étudiants et étudiantes à passer des concours exigeants pour un
métier difficile et mal rémunéré, le gouvernement est contraint d'agir.
Pour l'instant, Borne annonce restaurer une formation professionnelle
des enseignantes et enseignants sans guère de précisions. Pour rendre le
métier attractif, il faudrait augmenter les salaires, restaurer les
droits sociaux, en particulier l'obligation des communes à loger ses
enseignants et enseignantes et augmenter les dotations par élève qui
varient terriblement entre communes.
Pour être efficace il faut accroître considérablement le temps de
formation professionnelle, didactique et pédagogique en formation
initiale, mais aussi continue. La création d'une licence universitaire
repositionne le début de la formation au niveau du Bac. Les deux années
rémunérées de fonctionnaire-stagiaire en master pourraient être un
progrès. Mais avec un mi-temps «devant élèves» en responsabilité et non
en stage accompagné, il y a tromperie. Et des profs du secondaire
craignent une perte en compétence sur leur discipline.
Comment assurer une formation de qualité? Il existe l'Institut national
supérieur du professorat et de l'éducation doté de professeur·es et de
conseillers et conseillères pédagogiques. Mais pour certaines académies
très déficitaires, comme Versailles et Créteil, les référentes et
référents manquent pour accompagner les très nombreux et nombreuses
contractuelles en poste sans aucune formation. Les mutations à
l'ancienneté ont un effet pervers: les enseignantes et enseignants les
moins formé·es sont devant les enfants des quartiers qui connaissent le
plus de difficultés. Cela provoque beaucoup de souffrance pour les
élèves comme pour le personnel. Et rien n'est sérieusement prévu pour
elles et eux.
Pour remonter la pente, il faudrait embaucher dans les universités des
professeur·es titulaires et expérimenté·es dans les domaines
disciplinaires, pédagogiques et sur la psychologie de l'enfant et de
l'adolescent. Mais ce n'est pas ce qui se profile. Au contraire, on voit
les lobbys de l'Intelligence artificielle promettre toujours plus de
contenus dématérialisés. La course à une performance standardisée
remplace une éducation constructrice de la personnalité des enfants.
Quels contenus sont à prioriser dans les formations? Borne évoque
450heures de formation en Master1 et 300heures en Master2 avec la charge
d'une classe à mi-temps, soit 432heures d'enseignement. Les étudiants et
étudiantes devront préparer leur classe, corriger les devoirs, recevoir
les parents, apprendre leurs cours et finaliser un mémoire de
maîtrise... Mission impossible!
Pour le retour d'une formation disciplinaire et pédagogique avec des
contenus de qualité, il faudra poser les exigences collectivement avec
des étudiantes et étudiants et leurs syndicats. Ils et doivent
construire leurs propres projets pédagogiques en commun avec les
syndicats enseignants et les réseaux pédagogiques.
Et que penses-tu de la convention citoyenne sur les rythmes scolaires?
Le temps de l'enfant, c'est d'abord le temps social de leurs parents et
le besoin de garde qui permet aux femmes d'aller travailler puisque
c'est généralement la mère qui s'en charge. Les municipalités n'assurent
plus assez de colonies de vacances ou de centres de loisirs avec du
personnel stable et qualifié. On a vu dans les communes les plus pauvres
les effets délétères des dispositifs «temps de l'enfant» avec des
pseudo-ateliers culturels animés par des vacataires sous-qualifié·es.
Borne ouvre un débat sur les «rythmes» pour dresser les parents contre
les enseignants et enseignantes, les élèves contre l'institution et in
fine augmenter le temps de travail du personnel éducatif.
La vraie réforme serait d'assurer à tous les parents des horaires de
travail compatibles avec ce «temps de l'enfant». Qui s'interroge sur le
temps des enfants des caissières qui travaillent le dimanche ou celui
des enfants dont les parents travaillent en trois-huit? Qui exige des
classes transplantées pour tous les élèves à la mer, à la montagne? Pour
un «temps de l'enfant jusqu'à ses trois ans», enfant qui a besoin de
construire des interactions sociales fortes avec une parentèle
disponible, il ne faut pas un simple congé parental à la naissance, mais
permettre de travailler à mi-temps sans perte de salaire.
J'entends souvent que les vacances trop longues pénalisent les enfants
des quartiers défavorisés, et c'est vrai. Sauf que ce ne sont pas les
vacances qui les pénalisent, mais l'absence de contenus. Où sont les
colos? Les bâtiments, couteux en entretien, ont été vendus. Où sont les
Maisons des jeunes et de la culture? Les équipes, trop précaires, se
sont délitées. Même les dispositifs avec l'armée, la police, qui
venaient faire des animations sur les dalles et les pelouses des cités
ont disparu! Restent les dépenses folles du Service national
universel... Mais allonger le temps scolaire avec du personnel épuisé ne
va pas améliorer la situation. Déjà, on cherche le bilan du dispositif
«vacances apprenantes». Les enfants ont-ils vraiment appris avec une
enseignante ou un enseignant qu'ils ne connaissent pas en une
demi-semaine de classe? On cherche aussi un bilan du dispositif
«internat d'excellence» qui devait envoyer les meilleur·es élèves des
quartiers populaires en internat.
L'éducation suppose un temps long, des programmes stables discutés
démocratiquement avec la population et les enseignants et enseignantes.
Il faut aussi des bâtiments, des espaces, une hygiène, de la nourriture,
des jeux, des infrastructures sportives. Et des médecins scolaires, des
assistants et assistantes sociales, des médiations avec les parents, du
personnel spécialisé pour aider les élèves en difficulté. Il faut
également du personnel formé et des effectifs adaptés à l'inclusion des
enfants handicapés et un parcours simple pour la scolarisation des
mineur·es isolé·es ou non-francophones.
Mais non. On se retrouve avec des ministres Kleenex, jeté·es tous les
six mois, qui ont tous et toutes un grand plan, une réforme
fondamentale, une convention citoyenne et autres gadgets dont les
résultats ne sont jamais évalués alors qu'on oblige les profs à des
évaluations stupides. L'objectif libéral sur l'école est simple:
détruire la confiance dans le service public pour favoriser l'essor du
privé et ouvrir un retour juteux aux actionnaires.
Propos recueillis par Jean-Yves (UCLLimousin)
Notes:
[1]L'Office central de la coopération à l'école est une association qui
fédère les actions des coopératives des élèves avec l'aide de leurs
enseignants.
[2]La Défense des enfants international est une association qui veille à
l'application de la Convention internationale des droits des enfants.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Veronique-Decker-L-ecole-est-un-miroir-des-crises-de-la-societe
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe https://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr
A-Infos Information Center