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(fr) Alternative Libertaire #348 (UCL) - Saigner les services publics au profit des vampires capitalistes
Date
Tue, 2 Apr 2024 20:13:37 +0100
À la mi-février, Bruno Le Maire annonçait en direct sur TF1, dix
milliards d'économies «sur l'État, pas sur les Français». Traduction de
cette novlangue néolibérale: ce sont les services publics protecteurs
qui subiront la saignée, les bourgeois et leurs chiens de garde seront
épargnés par les économies. Mais à propos, dix milliards d'économies ça
représente quoi exactement? ---- Le 21 décembre dernier était adopté à
l'Assemblée nationale, après le rejet d'une énième motion de censure de
la gauche, le budget de l'État pour 2024. Pour faire passer sans vote ce
budget et celui de la Sécurité sociale, adopté début décembre, le
gouvernement a usé, jusqu'à la corde, du fameux article 49.3... à dix
reprises! Mais il faut dire que le jeu en valait la chandelle puisqu'il
ne s'agissait pas moins selon Élisabeth Borne, alors Première ministre,
que de défendre la création «de plus de 2 000 postes de policiers et
gendarmes, une hausse des moyens de la justice et de la défense, des
revalorisations pour les enseignants et un "budget vert" avec sept
milliards d'euros supplémentaires en faveur de la transition
écologique»[1]. Ce budget était construit sur une prévision de
croissance (comme on dirait dans Les Échos) de 1,4%, c'est du moins le
chiffre qui avait été présenté par le Ministère de la sauvegarde des
intérêts de la bourgeoisie, également appelé Ministère de l'économie
et des finances. Peu importe que ces estimations soient clairement en
décalage avec ce que les organismes internationaux prévoyaient pour la
France, l'important c'était de nous vendre du rêve de croissance.
Une fois le budget voté il allait falloir assurer le rétropédalage,
parce qu'en fait les estimations de croissances sont maintenant estimées
à 1% du PIB. Peut importe, Bruno Le Maire se charge de l'annonce au JT
de 20heures de TF1 en mode «la croissanse ralentit partout dans le
monde[...]cela a un impact sur la croissance française», mais droit dans
ses bottes il assure que «la croissance française résiste mieux que les
autres grands pays développés» et surtout que rien ne serait «demandé
aux français», ce qu'il faut traduire par: pas de hausse d'impôts pour
les plus riches-, et que les économies seront faites «exclusivement sur
le budget de l'État», ce qu'il faut traduire par: on ne demandera rien
aux entreprises. Résultat: 10milliards d'économies en 2024 et
20milliards en 2025 à trouver majoritairement dans les budgets de
l'écologie, de la santé, du social et de l'éducation.
690 millions d'euros sur le budget de l'Éducation nationale
Si les chiffres sont impressionnants ils restent finalement peu parlants
tant on peine à incarner ces sommes dont il est difficile de saisir la
matérialité. Le collectif Nos services publics[2], un collectif de
fonctionnaires ayant notamment pour but de «mettre au jour et agir
contre les dysfonctionnements institutionnalisés de nos
administrations», a décortiqué le décret publié le 22février «détaillant
les mesures d'économies budgétaires». Reprenant les données du
gouvernement secteur par secteur il permet de voir concrètement ce que
10milliards d'économies essentiellement supportées par des secteurs
indispensables aux classes populaires.
La plus grosse part des économies sera faite sur les politiques
«écologie, développement et mobilité durables», 2milliards 460millions.
Logique quand on connaît la gravité de la crise environnementale!
1milliard d'économies sur le plan de rénovation énergétique ça
correspond concrètement à renoncer à rénover entre 100000 et 150000
habitations, ce qui représente le nombre de logements d'une ville comme
Rennes ou Lille. Sachant que selon l'Observatoire de la précarité
énergétique, «26% des ménages ont souffert du froid chez eux au cours de
l'hiver 2022-2023»[3], les familles monoparentales et les familles
nombreuses sont les premières concernées. Autre économie sur les
politiques écologiques: 500millions de réduction du Fond d'accélération
de la transition écologique dans les territoires (dit «Fond vert») ce
qui représente la non-rénovation de 48 collèges (mais rassurons-nous à
Stanislas ou à l'École alsacienne tout va bien!).
Les forces de l'«ordre» épargnées par les économies
Deuxième secteur particulièrement ciblé par ces économies qui ne
«touchent pas les français», l'enseignement et la recherche qui devront
participer à hauteur d'1milliard 590millions d'euros! Concernant
l'enseignement les 690millions d'euros d'économies ça représente
concrètement l'équivalent de la suppression de 436écoles primaires,
54collèges et la fin de l'accompagnement de 14000 élèves en situation de
handicap! Pour rappel entre les budgets 2023 et 2024, le financement,
par nos impôts, de l'enseignement privé, financé à 75% par des fonds
publics, est passé de 8milliards 468millions à 9milliards 35millions.
Comme quoi en cherchant bien on aurait pu trouver des marges d'économie!
La recherche est elle aussi saignée avec une baisse de 900millions
d'euros de son budget, ce qui représente concrètement, au choix: la
suppression du financement de 1500projets de recherche ou bien la
suppression d'un tiers des cours pour chaque étudiant·e inscrit·e en
licence.
Par contre on ne demande que 232millions d'euros d'économies à la
Sécurité (police et armée), gageons que les plus de 78millions d'euros
d'achats de grenades de «maintien de l'ordre»[4], la plus grande
commande en plus de dix ans, ne seront sans doute pas impactés par les
économies.
S'attaquer aux services publics c'est s'attaquer aux plus précaires
Tandis que les revenus du capital augmentent sans commune mesure avec
ceux du travail[5], c'est donc bien sur les couches populaires que
pèseront les «efforts» et pendant ce temps là on ne touche pas aux
véritables assistés: les capitalistes. Le «soutien à l'économie» ne
verra son budget grévé que de 220millions, ce qui n'est rien rapporté à
l'ensemble des aides aux entreprises qui étaient de plus de 157milliards
en 2019, soit «l'équivalent de 6,4% du PIB (8,5% si l'on ajoute les
niches déclassées) ou encore de plus de 30% du budget de l'État (41%
avec les déclassées)»[6]selon l'IRES (Institut de recherches économiques
et sociale)[7]. En 2023, les revenus des plus grosses capitalisations du
CAC 40 ont explosé: 153,6milliards d'euros de profits, 67,8milliards
d'euros de dividendes versés et 30,1milliards de rachats d'actions pour
l'année 2023[8], mais personne à Bercy n'a semble-t-il songé à aller
gratter quelques milliards de ce côté-ci.
Les mesures d'«économies» sont justement ciblées sur les services qui
bénéficient aux plus précaires d'entre-nous. Il nous faut défendre nos
services publics contre l'État qui n'est que l'expression des intérêts
des capitalistes. À ce titre le mouvement massif de grève reconductible
qui touche les écoles du 93 depuis maintenant quatre semaines nous
montre la voie. Sans résignation et avec détermination fonctionnaires et
usagers et usagères des services publics devons défendre notre bien
commun contre les «dysfonctionnements institutionnalisés de nos
administrations» et leur privatisation. Rappelons-nous que quand tout
sera privé, nous serons privé·es de tout!
David (UCL Savoies)
Notes:
[1]«Le budget 2024 définitivement adopté par le Parlement», Le Monde, 21
décembre 2023.
[2]Voir leur site Nosservicespublics.fr.
[3]«Les chiffres clés de la précarité énergétique (édition mars 2023)»,
Onpe.org.
[4]«Maintien de l'ordre: la France s'offre plus de 78 millions d'euros
de grenades», Politis, 10novembre 2023.
[5]«Entre 2021 et 2022 le montant total des revenus déclarés par les
redevables de l'IFI a augmenté de 31,7% chez les foyers imposés à l'IFI
contre 5,7% chez les autres foyers» note l'Observatoire de la justice
fiscale, «Qui paie l'impôt sur la fortune immobilière?»,
Obs-justice-fiscale.attac.org, 3février 2024.
[6]«Le cout exorbitant des aides aux entreprises», Alternatives
économiques, 21janvier 2023.
[7]Dans son rapport de mai2022, Un capitalisme sous perfusion: Mesure,
théories et effets macroéconomiques des aides publiques aux entreprises
françaises, l'IRES rappelait à juste titre à propos des aides aux
entreprises que «Christopher Howard proposait déjà en 1997 l'expression
hidden welfare state, laquelle pourrait être actualisée en y ajoutant
donc in favor of companies, soit littéralement "un État-providence caché
en faveur des entreprises"», «Mesure, théories et effets
macroéconomiques des aides publiques aux entreprises françaises», mai
2022, Ires.fr.
[8]«Des milliards d'euros de profits et de dividendes, une année record
pour les entreprises du CAC 40», Le Monde, 7 mars 2024.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Saigner-les-services-publics-au-profit-des-vampires-capitalistes
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