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(fr) Alternative Libertaire #347 (UCL) - Confédération paysanne: «Les annonces du gouvernement sont une régression»

Date Mon, 25 Mar 2024 19:55:15 +0000


Après le large mouvement du milieu agricole fin janvier, le gouvernement a
fait une flopée d'annonces début février, qui ont semblé contenter la
FNSEA. Nous avons pu poser quelques question à Vincent, éleveur de chèvres
dans le Var et membre de la Confédération Paysanne, pour faire le point sur
la situation et la suite de ces mobilisations. ---- Peux-tu résumer les
annonces du gouvernement et leurs effets? Pourquoi est-ce que la FNSEA s'en
félicite? ---- La deuxième série d'annonces de Gabriel Attal, ce sont en
fait des choses qui étaient déjà en négociation avec la FNSEA et les JA[1].
Ce sont des mesures qui ne contentent que les gros agriculteurs, voir en
fait qu'une partie des gros. Le recul sur le plan Ecophyto c'est un peu
l'écran de fumée pour faire plaisir à la FNSEA. Les autres mesures sont
fiscales et ne servent qu'à une partie des agriculteur·ices qu'elle
représente.

Ce sont surtout des céréaliers et des oléiculteurs qui dirigent la FNSEA,
comme son président Arnaud Rousseau qui est président du groupe Avril[2]:
eux ils sont contents. Pour les autres membres c'est plus compliqué: les
éleveurs bovins par exemple sont en train d'organiser une reprise du
mouvement.

Localement on voit que la FNSEA et les JA vont relancer des actions car la
base est mécontente des annonces. Pour nous à la Confédération paysanne,
ces annonces sont plus une régression qu'une avancée. On a envie de
continuer le mouvement sur nos propres revendications, comme on le fait
depuis le début.

Quelles sont vos revendications à la Conf'?

Dans l'immédiat elles portent sur deux points principaux. Premièrement, le
revenu: exiger des prix planchers pour les denrées alimentaires équivalents
à nos prix de revient, c'est à dire nos couts de production, nos
rémunérations et nos cotisations sociales. Des lois sur le sujet sont
passées en Espagne et en Belgique par exemple, pour assurer des prix plus
juste et interdire la vente à perte.

Deuxièmement, on demande l'annulation des accords de libre-échange: l'arrêt
des discussions sur le Mercosur[3]par exemple. Aussi, pendant le mouvement,
ils ont osé signer un accord entre le Chili et l'Union européenne. Dans ces
accords les matières agricoles servent de monnaie d'échange: dans ce
dernier cas, le Chili veut surtout exporter des terres rares, et l'Europe
des biens industriels. On revendique l'arrêt de ces accords, néfastes pour
les agriculteur·ices européen·nes, mais aussi pour l'agriculture des pays
du Sud.

On voit que le mouvement est international, avec des manifestations dans de
nombreux pays européens. Est-ce qu'il y a des perspectives de coordinations
internationales?

Au niveau de la Conf' on est adhérents de la Via Campesina, un regroupement
de syndicats paysans à l'échelle mondiale, et de l'ECVC, son pendant
européen. Au niveau européen on a de vrais échanges, notamment sur la
riposte à l'extrême droite, sur ce sujet on a été assez inspirés par les
allemands de AbL[4]ces derniers mois. Il y a aussi eu un gros rassemblement
de la Via Campesina à Bruxelles il y a quelques semaines lors de la
dernière Commission européenne.

Tu peux développer le sujet de l'extrême droite dans le monde agricole?

A la Conf' on se rend bien compte que comme partout, l'extrême droite
progresse. Depuis une vingtaine d'années ça passe notamment par la
croissance de la Coordination rurale (CR), syndicat agricole d'extrême
droite aux idées vraiment réactionnaires et conservatrices, avec des
slogans à la limite du pétainisme, qui a beaucoup progressé dans les
élections professionnelles. Même si la France ne compte plus que 400000
agriculteur·rices, on est une des professions les plus syndiquées donc ces
évolutions se voient vite. Comme partout, cette montée est liée à
l'appauvrissement, à l'effondrement des services publics... Il y a de moins
en moins de monde disponible pour nous aider à la MSA[5], aux services
agricoles de la DDT[6]... Il y a un vrai sentiment d'abandon chez les
paysans.

Pour revenir aux mobilisations de janvier/février, peux-tu nous dire
comment elles ont démarré?

Au tout début, le mouvement a démarré de façon très spontanée dans le sud
ouest, principalement sur la question des normes sanitaires et
administratives. La FNSEA et les JA ont rattrapé le mouvement après coup.

C'est parti des bases syndicales, voir de personnes non syndiquées. Ce
premier temps a été l'occasion d'aller au contact de ces personnes. Une
fois que la FNSEA et les JA ont repris le mouvement, c'était beaucoup plus
compliqué d'aller sur leurs rassemblements: on n'était plus les
bienvenu·es. Depuis les mobilisations contre les méga-bassines, c'est
compliqué de venir à un rassemblement FNSEA avec un drapeau de la Conf'.

Du coté de la Confédération, on a aussi raccroché le mouvement après ce
départ spontané, mais on a pas du tout les même revendications que la
FNSEA. On revendique l'installation d'un million de paysans, de plus
petites fermes, moins de pesticides, l'arrêt du glyphosate et des
néonicotinoïdes... Assez vite il n'y avait plus de dialogue possible.

Penses-tu que les mobilisations pourraient reprendre?

Nous à la Conf' on a jamais ¬arrêté! Ces quinze derniers jours on a
beaucoup axé la lutte sur les grandes surfaces et leurs plateformes
logistiques, soit via le blocage des plateformes, soit en faisant des
marchés paysans devant les supermarchés, et des actions de sensibilisation
auprès des clients pour leur montrer que nos produits sont souvent moins
cher et de meilleur qualité en vente directe. On essaye de pointer que le
système actuel pénalise tout le monde: les agriculteurs sous-payés et les
consommateurs qui paient des prix gonflés par les marges de la grande
distribution. Maintenant on essaye de préparer des actions internationales
contre de grands groupes céréaliers ou laitiers. On veut aussi mettre la
pression avant le salon de l'agriculture.

C'est important de bien comprendre le contexte: les prochaines élections
professionnelles agricoles seront en janvier 2025, donc outre les
difficultés réelles, il y a aussi une envie des syndicats d'occuper le
terrain en vue des élections. Le sujet va rester à l'agenda de 2024 pour
les mois à venir.

Quel bilan fais-tu du mouvement jusque là?

Même si pour nous, on considère qu'on est actuellement sur une défaite, on
peut quand même voir que ces mobilisations ont put donner de la visibilité
à nos luttes et à nos revendications auprès du grand public. L'ouvrage
collectif «Reprendre la terre aux machines» développe bien l'idée selon
laquelle les changements nécessaires à une transformation vers
l'agriculture paysanne ne pourront se faire que si les agriculteur·ices ont
le soutien du reste de la société. On a pu voir des moments de
rapprochement avec la population lors du mouvement, et ça c'est une belle
avancée.

Propos recueillis par N. Bartosek

Notes:
[1]Les Jeunes Agriculteurs, syndicat agricole très proche de la FNSEA
[2]Groupe agro-industriel spécialisé dans les huiles, aillant réalisé 9
milliards d'euros de chiffre d'affaire en 2022
[3]Marché commun du sud, zone de libre échange rassemblant l'Argentine, le
Brésil, le Paraguay, l'Uruguay et la Bolivie
[4]Arbeitsgemeinschaft bäuerliche Landwirtschafttra, équivalent allemand de
la Confédération paysanne
[5]Mutualité sociale agricole, régime de protection sociale obligatoire des
professions agricoles
[6]Direction départementale des Territoires

https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Confederation-paysanne-Les-annonces-du-gouvernement-sont-une-regression
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