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(fr) Communistes Libertaires CGT - Plein emploi: une loi contre les salarié.es
Date
Wed, 13 Mar 2024 20:09:06 +0000
Nous publions ci-dessous l'analyse d'un lecteur de notre blog, militant
d'un comité CGT des privés d'emploi et précaires: ---- Loi «plein
emploi»? ---- Une loi qui, si elle est intégralement appliquée, aura des
conséquences humaines bien plus cruelles que celles issues de la réforme
des retraites. Tout c'qu' est dégueulasse porte un joli nom; la loi
plein emploi n'échappe pas à cet adage. ---- En effet cette loi dont le
nom pourrait être porteur d'avenir commence en réalité par casser les
chiffres du chômage car désormais seront inclus dans ceux-ci tous les
inscrits à France-Travail. Il y aura désormais les chômeurs inscrits,
ainsi que, ce qui est nouveau, tous les allocataires du RSA, tous les
jeunes de 16 à 25 ans en contrat avec les missions locales et tous les
«travailleurs handicapés» exerçant dans des structures spécialisées
(article L.5411-1 du Code du travail). Le nombre d'inscrits à
France-Travail n'aura donc plus aucun rapport avec ce qui est appelé
actuellement «les chiffres du chômage» et ceci aura pour conséquence de
rendre toutes comparaisons impossibles, ce qui profitera, à n'en pas
douter, au gouvernement en place.
Ensuite les parcours des inscrits à France-Travail seront modifiés.
Selon les cas les inscrits à France-Travail seront orientés vers un
organisme référent qui pourra être soit France-Travail, soit les
conseils départementaux ou des organismes délégataires de ces deniers,
soit les missions locales, soit des organismes spécialisés dans
l'insertion professionnelle des personnes handicapées, soit d'autres
organismes référents, publics ou privés (article L. 5411-5-1 du Code du
travail). Des organismes privés seront désormais autorisés à faire
l'accompagnement des demandeurs d'emploi qu'assumait auparavant Pôle-Emploi.
Puis cet organisme sera chargé de réaliser un diagnostic global de la
situation du demandeur d'emploi et devra élaborer conjointement avec le
salarié sans emploi un contrat d'engagement. On peut légitimement se
poser la question de la validité d'un tel contrat en regard du droit des
contrats car si le demandeur d'emploi refuse de signer ce contrat, il
est alors sanctionné par la suspension intégrale ou partielle du revenu
de remplacement ou de l'allocation (article L.5412-1 du Code du travail).
Ce contrat d'engagement devra comporter les engagements d'accompagnement
de l'organisme référent, qui se limitent à la désignation d'un référent
unique pour le demandeur d'emploi et à un descriptif des prétendues
mesures d'accompagnement à mettre en oeuvre. Ce contrat devra également
comporter les engagements du demandeur d'emploi parmi lesquels sa
participation à un plan d'action ainsi que la définition de l'offre
raisonnable d'emploi que celui-ci est tenu d'accepter.
Ce plan d'action devra comporter les objectifs d'insertion sociale et
professionnelle et le niveau d'intensité de l'accompagnement requis
auquel correspond une durée hebdomadaire d'activité du demandeur
d'emploi d'au moins quinze heures (article L.5411-6 du Code du travail).
C'est donc un minimum du 15 heures d'activités et non 15 heures
d'activités que devront effectuer tous les inscrits sur les listes de
France-Travail. Cette mesure s'applique à tous les inscrits sur les
listes de France-Travail et non uniquement aux allocataires du RSA
contrairement à ce qui est souvent dit ou écrit.
Rien n'est précisé quant à ce qui est entendu par «activité». Il serait
possible qu'il s'agisse de prétendues formations autour du chômeur et de
l'emploi; une véritable manne pour certaines entreprises de formations
sans réelle formation pour les chômeurs. De même il pourrait s'agir de
stages de découverte/immersion en entreprise à foison au grand profit
des entreprises, sans que cela permette de créer des emplois pour les
chômeurs et même bien au contraire.
Une chose est certaine, c'est qu'il sera impossible de pourvoir un tel
volume d'activités. Ceci est matériellement inapplicable. D'ailleurs
même le législateur à la solde des capitalistes en bande organisée en a
une parfaite conscience, puisque dans le même article il instaure la
possibilité d'un plan d'action avec une durée d'activité minorée sans
pouvoir être nulle, en fonction de la situation individuelle; il propose
même des plans d'actions sans durée d'activité, à la demande des
personnes rencontrant des difficultés particulières.
Au final ces plans d'action et les quinze heures minimum d'activité
seront un formidable outil pour faire pression sur les demandeurs
d'emploi afin qu'ils acceptent n'importe quoi.
Alors que pour être pertinent l'accompagnement des demandeurs d'emploi
doit être fait avec et non contre la volonté des chômeurs et il ne doit
jamais être un prétexte ni pour le contrôle, ni pour la contrainte, ni
pour la sanction des demandeurs d'emplois!
Après cette partie de franche démagogie qu'est ce contrat d'engagement,
la loi fait pleuvoir les sanctions (article L.5412-1 du Code du travail)
ainsi que les contrôles à l'encontre des demandeurs d'emploi . Quasiment
toutes viennent sanctionner des manquements du demandeur d'emploi
vis-à-vis du contrat d'engagement et du plan d'action contenu dans
celui-ci, alors que le plus souvent le demandeur d'emploi est dans une
situation particulièrement inégale et défavorable lors de l'élaboration
de ce contrat face à l'organisme référent ainsi que son agent (ou son
salarié puisque désormais il pourra s'agir d'organismes privés) plus ou
moins zélé et soumis à la pression du chiffre organisée par les directions.
Avant de conclure et sans évoquer le pilotage institutionnel qui recèle
des perles, il semble intéressant de signaler quelques autres points
remarquables dans cette loi. Ainsi nous trouvons notamment que le
conjoint de la personne qui demande le RSA est d'office inscrit sur les
listes des demandeurs d'emploi (Art. L. 5411-1); que les données
personnelles des demandeurs d'emploi sont transmises un peu partout sans
demander l'accord de ces derniers (Art. L. 5411-5-1; L. 262-42;
L.161-17-1-2; Article L5132-3; L. 263-4-1; Art. L. 5311-8.; L. 6323-8);
que des critères locaux peuvent préciser, donc modifier, les règles
d'orientation des bénéficiaires du RSA (Art. L. 5411-5-1); que des
organismes privés peuvent être chargés de repérer (de chasser) des
personnes les plus éloignées de l'emploi (Art. L. 5316-1.); que c'est
dans le contrat d'engagement que sont précisés (les mots ont un sens et
le mot «précisé» n'est pas le mot «rappelé») les voies et délais de
recours suite aux sanctions éventuellement prononcées (Art. L. 5411-6);
que le délai de carence entre les contrats de missions est supprimé pour
les entreprises d'intérim spécialisées (L'article L. 5132-6).
Au final, même appliquée partiellement, cette loi sera un formidable
outil de pression sur les demandeurs d'emploi sans pour autant se donner
de réels moyens pour résoudre les difficultés des chômeurs. Le chômage
est le fait des entreprises et non celui des demandeurs d'emploi. Face à
cette pression irraisonnée il est certain qu'un nombre important de
demandeurs d'emploi vont se voir privés des très maigres revenus qui les
maintiennent tant bien que mal dans la société. Que vont-ils devenir?
Appliquée intégralement cette loi va créer des millions de personnes
sans revenus ni solutions pour survivre. Il est à craindre l'éclosion
d'émeutes de la faim par des personnes qui n'auront vraiment plus rien à
perdre et pour qui les peines de prison seront une solution pour manger
à leur faim et ne plus avoir froid. De quoi faire regretter à notre
président les gentils Gilets Jaunes.
https://www.communisteslibertairescgt.org/Plein-emploi-une-loi-contre-les-salarie-es.html
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