|   | A - I n f o s |   | 
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists 
**
News in all languages
Last 40 posts (Homepage)
Last two 
weeks' posts
Our
archives of old posts
The last 100 posts, according
to language
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Catalan_
Deutsch_
Nederlands_
English_
 Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
_The.Supplement
The First Few Lines of The Last 10 posts in:
Castellano_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
First few lines of all posts  of last 24 hours  |
 of past 30 days |
of 2002 |
 of 2003 |
 of 2004 |
 of 2005 | 
 of 2006 | 
 of 2007 |
 of 2008 |
 of 2009 |
 of 2010 |
 of 2011 |
 of 2012 |
 of 2013 |
 of 2014 |
 of 2015 |
 of 2016 |
 of 2017 |
 of 2018 |
 of 2019 |
 of 2020 |
 of 2021 |
 of 2022 |
 of 2023 |
 of 2024 |
 of 2025
Syndication Of A-Infos - including
RDF - How to Syndicate A-Infos
Subscribe to the a-infos newsgroups
(fr) Alternative Libertaire #364 (UCL) - Daniel Kuanene Wea: «On ne dessine pas l'avenir de la Kanaky sans le peuple kanak»
Date
Tue, 21 Oct 2025 14:15:12 +0100
Après les évènements de 2024 contre le dégel du corps électoral qui ont 
provoqué 15morts, l'emprisonnement d'un grand nombre de jeunes 
mobilisé·es et la déportation d'indépendantistes kanak, un projet 
d'accord nommé Bougival a été proposé par le ministère des Outre-Mer. 
Une délégation du Front de libération national kanak et socialiste 
(FLNKS) est d'abord allée discuter avec Manuel Valls, mais a finalement 
décidé de dénoncer ce projet d'accord. Alternative libertaire publie un 
entretien avec Daniel Kuanene Wea sur la nouvelle séquence qui s'ouvre 
autour de la lutte indépendantiste de Kanaky. ---- Pouvez-vous revenir 
sur les raisons du rejet du projet d'accord Bougival? ---- Il faut 
savoir qu'il y a eu quatre accords qui ont été, pour nous, essentiels 
pour asseoir un processus de décolonisation de la Kanaky. En 1983, avec 
l'accord de Nainville-les-Roches, nos aîné·es ont choisi le chemin de 
l'indépendance plutôt que la départementalisation. Cela a toujours été 
assumé par l'État et cela nous engage aussi dans un projet de société. 
Il est inclusif et nous avons fait le choix d'y reconnaître les 
«victimes de l'histoire»: celles déportées au bagne à la fin du XIXe 
siècle et celles venues avec le boum du nickel au XXe siècle et la 
volonté de Pierre Messmer d'envoyer du blanc en Kanaky. Nous 
reconnaissons ces gens, mais il nous appartient de décider de la 
trajectoire politique de notre pays. Après les «Événements» [1] en 1984 
suivent les accords de Matignon en 1988. C'est d'abord un accord de paix 
sociale et économique, mais il n'y figurait rien quant à la volonté 
d'accéder à la pleine souveraineté et l'indépendance. D'où les accords 
d'Oudinot qui ont juste après amené notre pays vers un processus de 
décolonisation sur plusieurs années. Ce processus va être réenclenché 
avec l'accord de Nouméa, qui va opérer un transfert de compétences au 
pays pour une autonomie de gérance politique reconnue par la 
Constitution française. D'où l'idée l'année dernière de modifier la 
Constitution française pour pouvoir remanier l'accord de Nouméa, ce qui 
continue aujourd'hui avec Bougival. La trajectoire est pourtant claire, 
le transfert de compétences a été fait et il reste maintenant les 
compétences régaliennes.
Le plancher de discussion est donc pour nous l'accord de Nouméa, 
c'est-à-dire qu'il faut discuter sur les compétences régaliennes. Mais 
pour discuter du pouvoir autour des stratégies indo-pacifiques ou du 
nickel, il faut que nous sortions de notre statut de colonisé·es pour 
devenir un peuple reconnu aux yeux du monde et par la résolution 14 de 
l'ONU, afin de pouvoir discuter d'État à État. Cet esprit des accord de 
Nouméa, on ne le retrouve pas dans le projet Bougival, qui n'est qu'un 
habillage d'idéologie et de mots pour cacher une volonté de maintenir la 
Kanaky dans la France. Par exemple, la notion de peuple kanak qui était 
reconnue comme peuple premier dans l'accord de Nouméa ne se retrouve 
plus. On nous définit comme une communauté parmi d'autres en Kanaky, on 
parle de «peuple calédonien», alors que nous sommes un peuple autochtone 
avec des traditions et des cultures, un rapport particulier avec la 
terre, l'environnement, la mer, l'espace dans lequel nous vivons. C'est 
pour toutes ces raisons que nous refusons le projet Bougival.
Quelle séquence va ouvrir ce projet d'accords Bougival dans le mouvement 
kanak?
Pour l'instant nous sommes dans l'observation depuis la chute du 
gouvernement Bayrou, on reste attentif et attentive à l'évolution de la 
situation politique française. Nous espérons réinterroger le texte en 
lui-même après un remaniement gouvernemental. Le projet d'accord est 
proposé le 29septembre à la discussion de l'Assemblée nationale afin de 
reporter les élections provinciales de cette année en juin 2026. Cette 
élection va définir le gouvernement et le Congrès en Nouvelle-Calédonie. 
Ce sont ces instances qui vont donc amener les discussions pour la suite 
de la décolonisation ou le maintien dans la France comme le veut Macron. 
La deuxième étape prévue par Manuel Valls, ministre des Outres-mers, est 
une consultation en octobre pour modifier la Constitution et remplacer 
l'accord de Nouméa par l'accord de Bougival. On s'inscrit donc dans ces 
deux dates contre le passage en force de l'État. Nous organisons une 
mobilisation le 26septembre à Paris pour manifester notre 
mécontentement. C'est un travail de mobilisation sur place, mais aussi 
de lobbying auprès des parlementaires autour du danger de ce report des 
élections et de la modification de la Constitution. Le FLNKS n'a pas 
participé à la signature, c'est la première fois depuis les révoltes qui 
ont nourri notre revendication que celui-ci n'est pas entendu et écouté 
par l'État.
Le mouvement kanak va-t-il aussi intervenir auprès de la population dans 
le mouvement social qui s'est ouvert après la censure du gouvernement?
Le 10septembre, j'étais à Nîmes, comme d'autres référents et référentes 
du Mouvement kanak en France (MKF) dans d'autres villes. Nous étions 
présents et présentes avec nos drapeaux, j'ai eu l'occasion de prendre 
la parole pour montrer notre soutien et expliquer les raisons pour 
lesquelles nous sommes aussi concerné·es par cette politique menée par 
Macron. Nous intervenons également auprès d'autres organisations et 
mouvements, par exemple les collectifs de solidarité Palestine. Nous 
faisons des tournées dans les universités d'été ou à la Fête de 
l'Humanité pour interpeller les militantes et militants ainsi que les 
politiques sur la situation, et nous allons continuer.
Dans ce contexte quelles pistes d'actions pouvons-nous mener en tant 
qu'anti-colonialistes en France?
Ce qu'on peut faire déjà à notre niveau, c'est élever les consciences à 
partir de nos réseaux de luttes mais aussi à travers nos référents et 
référentes politiques. Il y a un réel danger dans le report des 
élections qui, comme l'année dernière, pourrait remettre de l'huile sur 
le feu. Il faut que les élu·es de France soient conscients et 
conscientes qu'on ne peut pas dessiner l'avenir de la Kanaky sans le 
peuple kanak. La France ne peut pas engager unilatéralement, avec ses 
référents politiques de droite néo-calédonienne, la politique de notre 
pays. Il faut aussi faire attention à ne pas utiliser le dossier kanak 
comme un élément de propagande. Beaucoup prennent conscience de la 
singularité de notre lutte, il y a les proches échéances de 
septembre-octobre, certes, mais il faut aussi se projeter avec certaines 
organisations dans un travail de programme politique sur la question de 
la décolonisation. Beaucoup parlent de la Kanaky, des prisonniers et des 
prisonnières, mais quand on les interpelle sur le sujet, personne ne 
répond. Quand on écoute par exemple Mélenchon aux universités d'été 
insoumises qui fait les louanges la grandeur de la zone économique de la 
France, de l'étendue de ses eaux et de ses frontières, il oublie qu'une 
de ces frontières se trouve dans une terre qui appartient à un peuple 
premier. Il intègre la Kanaky dans la question des frontières à gérer. 
Il ne faut pas oublier la question principale de la décolonisation. Sans 
régler cette question on ne peut pas régler la crise économique et 
sociale au pays. Il faut vraiment visibiliser la racine du problème.
En quoi consiste actuellement l'action du MKF et comment relayer ses 
campagnes?
Le Mouvement Kanak en France est un mouvement mis en place depuis 2004, 
à la base pour accompagner les étudiantes et étudiants kanak, ici en 
France, et les aider à l'insertion et à l'embauche au pays. Depuis, un 
deuxième objectif s'est mis en place: la formation politique des jeunes 
et la prise de conscience de l'opinion française et internationale à la 
cause de l'indépendance de notre pays. Nous nous mobilisons autour du 
projet Bougival et nous continuons sur la question des aides aux 
prisonniers et prisonnières. Il y a des cagnottes en ligne qui 
circulent. Nous travaillons aussi avec le Collectif Solidarité Kanaky, 
qui regroupe plusieurs associations, collectifs, syndicats, 
organisations, qui sont avec nous. Des comités sont présents un peu 
partout en France. L'année dernière, on a par exemple fait une réunion 
publique à Lille pour y lancer le MKF et Solidarité Kanaky.
Propos recueillis par Judi (commission Relations internationales de l'UCL)
Notes:
[1] Conflit entre partisans et opposants à l'indépendance entre 1984 et 
1988.
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Daniel-Kuanene-Wea-On-ne-dessine-pas-l-avenir-de-la-Kanaky-sans-le-peuple-kanak
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe https://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr
A-Infos Information Center