A-Infos (fr) Monde Libertaire - Pages d'histoire N°53: Itinéraire de justes

Deux biographies reviennent sur les itinéraires de deux hommes qui entre 
1943 et 1945 ont mis en oeuvre les principes de la solidarité pour faire 
échapper des morts et des femmes condamnées à une mort certaine. ---- 
Giorgo Perlasca, d'abord. L'individu semble initialement à l'opposé du 
bien. Né à Côme en 1910, il devient un authentique fasciste au point 
d'aller se battre en Espagne du côté franquiste. Il est même très 
dommageable que l'ouvrage ne s'étende pas sur cet aspect de sa 
biographie. L'homme n'est jamais revenu sur cet aspect de son 
engagement. En revanche, les lois radicales adoptées en Italie le font 
douter du régime puis basculer dans l'opposition à Mussolini. C'est en 
1943 que l'homme bascule définitivement - mieux vaut tard que jamais 
pourrait-on dire. Alors qu'il travaille dans une maison d'import-export 
en Hongrie, il refuse de prêter serment à la république sociale de Salo, 
il devient grâce à une amitié à l'Ambassade d'Espagne citoyen espagnol 
et se lance dans le sauvetage des Juifs de Budapest alors que les lois 
raciales et les déportations frappent. Il participe au réseau de Raoul 
Wallenberg, arrachant dans des conditions parfois à la limite du réel 
des enfants des mains des bourreaux nazis, y compris à Eichmann dans la 
gare de triage de Budapest. Revenu en Italie en 1945, il devint un 
italien anonyme, jusqu'au jour où des rescapés le retrouvent et rendent 
justice à son action. Le livre fondé sur des entretiens avec Perlasca 
est certes, par moment, un peu hagiographique, mais vient malgré tout 
souligner que les itinéraires ne sont jamais écrits définitivement.

Michel Olazabal, ensuite. Fils d'une famille nombreuse de la côte 
basque, catholique pratiquant. Sa biographie est écrite par sa fille qui 
a cherché longtemps la vérité. En effet, son père a acheminé pendant une 
partie de la guerre de l'autre côté des Pyrénées des Juifs, des 
aviateurs tombés et des Résistants, jusqu'au jour où le réseau chute 
tombant nez à nez face à une patrouille de Français travaillant sous 
l'uniforme allemand. Il réussit à s'échapper, mais une légende noire lui 
colle à la peau. Il est accusé à tort d'abord «donné» la filière. 
Olazabal continue d'Espagne à travailler pour les filières. Néanmoins, 
la rumeur a persisté pendant des décennies. Sa fille en recoupant les 
témoignages et les archives arrive à montrer qu'il est par inadvertance 
tombé sur une patrouille.

Ces deux ouvrages viennent apporter des éclairages sur des formes de 
résistances ordinaires d'homme que rien ne disposait à y participer.

La banalité du bien
L'histoire de Giorgo Perlasca
Enrico Deaglio
Les éditions du Portrait

Le Passeur
Annie Olazabal
Konfident 2024 180 p. 19 €

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