|
A - I n f o s
|
|
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists
**
News in all languages
Last 30 posts (Homepage)
Last two
weeks' posts
Our
archives of old posts
The last 100 posts, according
to language
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Catalan_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Francais_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkurkish_
The.Supplement
The First Few Lines of The Last 10 posts in:
Castellano_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
First few lines of all posts of last 24 hours
Links to indexes of first few lines of all posts
of past 30 days |
of 2002 |
of 2003 |
of 2004 |
of 2005 |
of 2006 |
of 2007 |
of 2008 |
of 2009 |
of 2010 |
of 2011 |
of 2012 |
of 2013 |
of 2014 |
of 2015 |
of 2016 |
of 2017 |
of 2018 |
of 2019 |
of 2020 |
of 2021 |
of 2022 |
of 2023 |
of 2024
Syndication Of A-Infos - including
RDF - How to Syndicate A-Infos
Subscribe to the a-infos newsgroups
(fr) Liberté ouvrière - «Guerres» | L'antimilitarisme et les anarchistes en 2024
Date
Fri, 15 Mar 2024 20:10:20 +0000
Texte de L'affranchi.info originalement intitulé
«Guerres»[https://laffranchi.info/guerres/]---- Le pessimisme brutal
dans lequel nous plonge l'écrasement de Gaza sous les bombes, la famine
et les tirs des snipers nous révèlent que le fascisme est bien là.
Comment qualifier la guerre menée par Israël à Gaza et en Cisjordanie
autrement que comme un «nettoyage ethnique», comme un génocide. ---- Il
y a quelques années, nous pouvions croire que l'humanité - malgré sa
brutalité capitaliste et son productivisme destructeur - pourrait
peut-être entendre raison. Des printemps arabes aux luttes pour le
climat, des révoltes des Iraniennes à la résistance des Afghanes... on
conservait des lueurs d'espoir. ---- On vient de commémorer les deux ans
de l'attaque russe contre l'Ukraine. L'occasion pour les médias et les
gouvernants de remettre la question à leur agenda. Dans la perspective
d'un retrait du soutien américain à Kiev, parce que l'aide militaire va
désormais en priorité à Israël (et en cas de réélection de D. Trump...)
il s'agit de préparer les opinions européennes à porter l'effort de
guerre ukrainien.
Selon les va-t-en-guerre européens - à la tête desquels on trouve Ursula
Von der Leyen - la guerre sur le territoire de l'Union européenne est
présentée comme probable dans les années à venir. Il existe une «doxa»
selon laquelle un cessez-le-feu et des négociations sans que l'Ukraine
n'ait retrouvé ses frontières d'avant février 2022, voire mars 2014
(annexion de la Crimée par la Russie) serait une prime offerte à
l'agresseur. Poutine, qui est présenté comme un nouvel Hitler, en
profiterait pour reconstituer ses forces et lancer de nouvelles attaques
contre la Pologne, la Roumanie, les Pays baltes... jusqu'à Berlin ou à
Paris! Ces «faucons» européens estiment ainsi devoir prendre les devants
avec un réarmement massif des pays membres (armes achetées surtout aux
Etats-Unis, il va sans dire!).
On a entendu Emmanuel Macron évoquer l'envoi de troupes au sol pour
participer à la défense de l'Ukraine. Pour le président français, tout
est envisageable pour empêcher une victoire de la Russie, y compris de
devenir cobelligérant. Curieusement, cette déclaration a coïncidé avec
une conférence intitulée «L'internationalisme par l'exemple» organisée
par un Comité Ukraine à Lausanne, le 29 février dernier, pour honorer
les internationalistes morts au combat après avoir rejoint l'armée
ukrainienne. Si l'on en croit l'un d'eux, ils étaient inspirés par des
«traditions politiques anarchistes, antifascistes et socialistes
démocratiques» et se battaient «non seulement pour la liberté du peuple
ukrainien, mais pour celle de toute la région et au-delà»: une variante
de la «doxa» évoquée ci-dessus. Voilà donc une frange de la gauche, de
l'extrême-gauche, des «anarchistes» embarquée dans la lutte pour la
défense de la «démocratie», du «monde libre», contre le fascisme
russe... à la traîne de Macron, de l'UE, de l'OTAN!
Si l'on suit cette conception «gaucho-libertaro-occidentaliste» il
faudrait choisir entre la démocratie et le totalitarisme, entre
l'Occident et l'Axe du mal. On nous refait le coup de la «Guerre
froide», chaude en l'occurrence, et on nous exhorte de choisir notre camp.
Nous savons certes que, dans l'histoire du mouvement libertaire, il y a
eu le «Manifeste des seize» (1916) où durant la première guerre
mondiale, des anarchistes (Kropotkine, Jean Grave...) avaient pris parti
pour les Alliés, car ils considéraient l'agression allemande comme «une
menace - mise à exécution - non seulement contre nos espoirs
d'émancipation, mais contre toute l'évolution humaine». Un an plus tôt,
un nombre bien plus conséquent d'anarchistes dont Emma Goldman,
Alexandre Berkman, Luigi Bertoni, F. Domela Nieuvenhuis ou Errico
Malatesta... fidèles à leurs principes antimilitaristes avaient, dans
une déclaration commune, dénoncé la guerre dont la cause réside «dans
l'existence de l'Etat qui est la forme politique du privilège...». Par
la suite Malatesta devait ajouter que les «seize» s'étaient convertis en
«anarchistes de gouvernement».
Cette division plus que centenaire est toujours d'actualité. Il y a des
anarchistes - dont nous faisons partie - qui ne croient pas à une
évolution progressive du capitalisme; qui voient les évolutions de plus
en plus autoritaires des systèmes dit démocratiques... et de l'autre
côté, celles et ceux qui rêvent d'un nouveau compromis entre le capital
et le travail qui permettrait - au moins à certain.es - de réaliser
leurs aspirations dans le cadre de ce système.
Cette fracture s'est manifestée l'été dernier, à propos de la guerre en
Ukraine, aux Rencontres internationales anti-autoritaires de
Saint-Imier. Les militant.es de la Fédération anarchiste italienne (FAI)
y ont dénoncé la place donnée au soutien «aux politiques de guerre des
États», soulignant le fait qu'un «atelier intitulé «Anarchistes en
guerre» se soit tenu dans la grande salle le samedi, à l'heure la plus
favorable, le jour le plus fréquenté». A cette occasion, rapportent les
membres de la FAI, les interventions critiques et antimilitaristes ont
été censurées... Les membres de la FAI devraient savoir que c'est
notamment au sein de leur Internationale des fédérations anarchistes
(IFA), par le biais de la Fédérations libertaire des montagnes (Jura
suisse) intégrée à la Fédération anarchiste francophone, que l'on trouve
des partisan.es de l'engagement de volontaires «anarchistes» dans les
rangs de l'armée ukrainienne. Le coucou est dans leur nid!
Sur le stand de la Fédération libertaire des montagnes à Saint-Imier,
nous avons vu une masse de brochures intitulées «Anarchistes en première
ligne contre la guerre de la Russie» où sont honorés des «anarchistes
internationalistes tombés en Ukraine» (1). Dans l'introduction de cette
publication on apprend qu'en Ukraine «les anarchistes travaillent à la
construction d'une unité militaire anti-autoritaire et au développement
d'une voie de résistance loin du nationalisme». Qui peut croire de
telles balivernes? alors que l'on assiste à une guerre d'usure et que le
front est devenu un véritable «hachoir à viande» qui sacrifie par
centaines de milliers les prolétaires des deux côtés. Ceux et celles qui
imaginent une réalité qui ressemblerait à celle des premiers mois de la
guerre d'Espagne (2) et décideraient de s'engager, se retrouveraient
jeté.es au coeur d'une conflagration industrielle de haute intensité
dans laquelle aucune autonomie n'est possible. A ce propos, on ne peut
pas comparer des résistant.es qui commettent des sabotages ou des
attentats, durant la seconde guerre mondiale par exemple, à des
militaires enrégimentés.
La possibilité d'organiser des unités militaires indépendantes de l'État
en Ukraine est une vue de l'esprit dans le meilleur des cas et au pire
un mensonge, à l'usage de groupuscules politiques pour vendre leur
camelote à un public naïf. La guerre symétrique (du fort au fort) ne
laisse guère de place à une organisation armée des exploité.es qui
pourrait se consolider dans un territoire hors du contrôle étatique. La
nature de la guerre actuelle en Ukraine a dépossédé, depuis le début,
les populations ouvrières de toute possibilité d'initiative militaire
indépendante. Cela ne veut pas dire que des initiatives de résistance et
d'entraide ne puissent être effectuées clandestinement.
Évidemment, nous ne nions pas que la Russie soit l'agresseur, que son
armée a commis des crimes atroces et que son régime est particulièrement
répressif contre les mouvements d'opposition. Des dizaines de milliers
de personnes sont condamnées pour des délits politiques (il est question
de 116'000 condamnations durant les six dernières années, un chiffre
invérifiable). Un grand nombre d'appelé.es a quitté le pays pour
échapper à la mobilisation, beaucoup refusent de se battre et désertent
le champ de bataille... Mais du côté ukrainien, la situation n'est pas
rose non plus en ce qui concerne les droits des gens. Avec la loi
martiale, des partis politiques ont été interdits et le droit du travail
a été dégradé par une nouvelle législation adoptée par le parlement en 2022.
Il y a en Ukraine des anarchistes conséquent.es qui sont opposés la
guerre; qui résistent en s'entre-aidant; en s'organisant pour la défense
des conditions de travail; en essayent d'aider les déserteurs, etc.
Déserteurs qui sont toujours plus nombreux: plus de 25'000 auraient
réussi à quitter l'Ukraine et presque autant se seraient faits attraper
en essayant de passer la frontière; l'automne dernier, la police
nationale ukrainienne comptabilisait déjà quelque 8'000 procédures
pénales ouvertes contre des réfractaires... Comme l'exprime à sa manière
le collectif Assembly de Karkhiv «les travailleurs ukrainiens devront
devenir anarchistes et vivre véritablement comme tels et pas comme de
simples râleurs contre les autorités dans leur cuisine. Non seulement
pour éviter un emploi officiel (...) mais aussi pour s'efforcer de
rompre tout lien avec l'État et vivre dans la clandestinité, y compris
en arrêtant de recourir aux soins médicaux, en vendant sa voiture et en
réinitialisant sa carte bancaire programmée pour être bloquée en cas de
défaut de comparution à une convocation» (3).
Revenons à la conférence de Lausanne et à la métaphore du coucou. La
seule oratrice dont l'identité apparaît est une femme politique:
Stefanie Prezioso, membre de l'Union populaire, un nouveau parti
constitué en partie d'ex-trotskistes. On est bien loin de la Conférence
de Zimmerwald (1915) où Lénine dénonçait comme une trahison la
capitulation nationaliste des dirigeants de la IIe Internationale
(socialiste), ou du traité de Brest-Litovsk (négocié par Trotski en
1918) où le jeune pouvoir bolchevik acceptait de perdre 800'000 km2 de
territoire pour obtenir la paix. Désormais, ces prétendu.es
«internationalistes» encouragent des jeunes à rejoindre un bain de sang,
en mettant en avant des martyres «anarchistes», quel retournement!
De deux choses l'une: ou Poutine est un fou irrationnel et le mettre à
genoux nous conduirait directement à la troisième guerre mondiale et à
l'anéantissement de l'humanité; ou la guerre qu'il a déclenchée peut, au
moins en partie, être expliquée par des menaces ressenties également par
une partie de la population russe. Quoi qu'il en soit, la seule sortie
possible est une négociation, un cessez-le-feu... Celui-ci aurait
peut-être abouti fin mars - début avril 2022, lors des pourparlers
d'Istanbul, si Boris Johnson n'avait pas convaincu le président Zelensky
du soutien inébranlable de l'Occident lors d'un voyage à Kiev le 9
avril. Avec le récent échec de la contre-offensive ukrainienne, le
compromis inévitable risque d'intervenir dans de moins bonnes conditions.
Les raisons qui ont poussé la Russie à attaquer l'Ukraine ont été
exposées par Carlos Taibo dans un texte publié sur ce blog. Il rappelle
que les promesses faites à Gorbatchev, puis à Eltsine en matière de
sécurité n'ont pas été tenues; que l'OTAN a incorporé des pays qui ont
fait partie de l'URSS ou du Pacte de Varsovie, se rapprochant ainsi
dangereusement de la frontière russe; que la docilité de la Russie qui a
soutenu l'intervention militaire américaine en Afghanistan en 2001 et
n'a pas bougé lors de l'invasion de Irak en 2003, n'a été récompensée
que par l'arrogance de l'Occident... (4)
Faut-il rappeler à ceux qui nous traiteront de «poutiniens», de
«Munichois» que le fait d'expliquer un contexte ne signifie pas
approuver une action. Quand il est question de l'attaque d'Israël par le
Hamas, nos gauchistes n'hésitent pas à rappeler que cette organisation
islamiste est aussi le fruit de la politique menée par l'État hébreux
depuis des décennies, et que ses crimes ne peuvent justifier le massacre
de la population Gaza... L'appui de l'Occident à Israël est légitimement
dénoncé. Par contre, en ce qui concerne l'Ukraine on devrait s'aligner
sur les pouvoirs en place. Nous pensons que Poutine est aussi une
«créature» et que la guerre que lui mènent les puissances occidentales
par Ukraine interposée n'est pas perdue pour tout le monde.
Parmi les gagnants, il y a les États-Unis qui sont parvenus à réduire
drastiquement l'approvisionnement de l'Europe en gaz et en pétrole
russes, acheminant par bateaux leur gaz liquéfié plus cher vers le Vieux
continent... Sans parler des ventes d'armes et autres matériels
militaires déjà évoquées. Sur le plan géostratégique, l'affaiblissement
de la Russie sur le long terme bénéficie principalement aux États-Unis.
La Chine peut tirer son épingle du jeu, affermissant ses liens avec le
Sud global de plus en plus hostile aux pays européens. Pour ces
derniers, plus la guerre dure en Ukraine, plus la facture sera salée.
Cette facture, ce sont les travailleur-euse.s et les classes pauvres qui
la payeront et pas les capitalistes, pour qui la «destruction créatrice»
des guerres est bénéfique pour les affaires. Pour contenir le
mécontentement, des régimes de plus en plus répressifs se mettent en
place, comme on l'observe avec le gouvernement Macron entre autres.
Entre les dictatures à la Poutine et lesdites démocraties il n'y a pas
de différence de nature, mais des différences de degrés dans la violence
contre les exploité.es. Celle-ci étant aussi plus ou moins forte en
fonction de qui elle vise et des rapports de force qu'on parvient à lui
opposer.
Avec le nationalisme et l'intégrisme religieux, «le capitalisme porte en
lui la guerre comme la nuée porte l'orage» (Jaurès). C'est valable pour
l'Ukraine, pour la Palestine, mais aussi pour les guerres oubliées comme
celle du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC) qui dure
depuis 2004 et qui reprend de plus belle. Là aussi les intérêts
capitalistes jouent un rôle déterminant: les sols de la RDC (surtout du
Kivu) contenant entre 60 et 80% des réserves de coltan, un métal
stratégique...
Contrairement à celles et ceux qui comptent sur la guerre pour faire
progresser les droits humains, notre antimilitarisme, notre rejet de la
guerre, n'est pas à géométrie variable. Que l'on ne compte pas sur nous
pour encourager l'engagement guerrier au service d'un État.
Ariane et José
Notes
1) Ceux-ci sont également célébrés dans le bulletin de la Fédération
libertaire des montagnes: «Le Chat déchaîné» de juillet 2023, où figure
un texte identique signé par le Comité Rojava du Jura.
2) Au début de la Guerre d'Espagne, les anarchistes et le peuple en
armes forment des colonnes de milicien.nes qui se lancent sur les routes
en direction des troupes franquistes. Une véritable auto-organisation
prolétarienne s'instaure au sein de ces milices où les décisions sont
prises en commun... Leur militarisation progressive, motivée par un
souci d'efficacité mais aussi de contrôle, va progressivement
transformer les volontaires en soldats qui n'ont plus d'autre choix que
celui d'obéir à leurs supérieurs. Il en résultera une démoralisation,
d'autant plus importante que dans un certain nombre de corps d'armées,
des communistes flanqués de conseillers soviétiques parviennent à
prendre le contrôle, n'hésitant pas à éliminer les anarchistes ou les
militants du POUM quand ils en ont l'occasion.
3) Extrait d'un texte du 26 octobre 2023, traduit par «Le Monde
libertaire» du 12 novembre 2023.
4) https://laffranchi.info/otan-russie-et-ukraine/
https://liberteouvriere.com/2024/03/14/guerres-lantimilitarisme-et-les-anarchistes-en-2024/
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe https://ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr
A-Infos Information Center